Documentation: Jean-Pierre SANDOZ, membre de l'AATDM26-07.
La 6ème CPIMa (compagnie parachutiste d'infanterie de marine) était rattachée depuis 1964 au 6ème RIAOM (6ème régiment interarmes d'outre mer) qui était stationné à Fort-Lamy, aujourd'hui N'Djamena capitale du Tchad. Elle était l'héritière du GCCP AEF, Groupe colonial de commandos parachutistes d'Afrique équatoriale française, constitué début 1948 par la demi brigade de commandos parachutistes coloniaux.
Cette petite unité changea souvent de nom: Compagnie de Parachutistes Coloniaux d’AEF en 1957, elle devient en 1958 la Compagnie Parachutiste d’Infanterie de Marine d’AEF (CPIMa d’AEF) puis la Compagnie Autonome Parachutiste d’Infanterie de Marine (CAPIMa) en février 1963. Devenue 6ème CPIMa, la compagnie est stationnée au camp LECLERC à BOUAR (République Centrafricaine).
On les appelait «les éléphants noirs» en référence à leur insigne et à leur fanion: l'insigne de la 6e CPIMa reprend celui du GCCP AEF en supprimant le texte AEF et en remplaçant GCCP par CPIMa sur le diamant de l'ancre. Il représente une tête d'éléphant de couleur noire avec des défenses blanches qui symbolise l'Afrique. L'origine de l'unité, les troupes de marine, est rappelée par l'ancre d'or tandis que sa spécialité parachutiste est indiquée par les trois coroles de parachutes situées de part et d'autre de l'éléphant.
La compagnie paya un lourd tribut à sa mission de préservation de la souveraineté contre les séditions rebelles dans les pays où elle fut engagée. Dans la période s’étalant d’août 1968 à juillet 1972, et plus spécialement au Tchad, la compagnie, forte d'une effectif de 150 hommes environ, eut 27 tués et 52 blessés au combat. Dans le même temps, elle infligea de très sévères pertes aux forces rebelles mettant hors de combat plus de 500 rebelles, faisant 47 prisonniers, et récupérant plus de 300 armes de guerre dont 17 armes collectives.
Une amicale perpétue le souvenir de cette unité:
Elle a son site: https://www.amicale-cp.com/cpima/ Elle édite également un bulletin de liaison, d'une grande qualité éditoriale, qui tout naturellement s'appelle: «L'ELEPHANT NOIR»
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L'embuscade de Bedo
Le 11 octobre 1970, la 6ème CPIMa se déplaçait en convoi au Gorkou dans la région de Bedo au Tchad, quand elle tomba dans une embuscade tendue par une centaine de rebelles. Pour se faire une idée de la violence des combats, dans lesquels l'unité eut 12 tués et une vingtaine de blessés, violence des combats qui était pour ainsi dire le lot quotidien de la compagnie, il faut lire le récit du sergent Jacques Napoléon Parisot, dont voici un bref extrait:
En bas au camion, des survivants se protègent derrière chaque roue, dans la caisse, il y a déjà un tué ARRONDEAU, un blessé avec le fémur cassé, et malgré le bruit, j’entends ses gémissements… Je me rends compte qu’on me tire dessus par derrière. Ils sont de chaque côté ! Ils ne montent même pas une embuscade réglementaire…
Puis c’est le choc, un balle de 303 expansive m’arrive dans la jambe droite…
... Je reçois un choc de cow boy dans les côtes à gauche! Je ressens un gargouillis à l'intérieur... Je me dis que c'est la fin et je me mets à hurler, à vider tout ce que j'ai... Je vois mon camion plus bas, les blessés, les morts, les vivants... Il y en a un qui crie: "ça y est, ils ont eu le Sergent!"
Le sergent Parisot est un miraculé: par chance la balle dans la jambe ne toucha ni artère ni nerf, pourtant dans cette plaie on aurait pu «y mettre une boite de bière en fer» écrit-il. La balle qui lui traversa le poumon finit sa course dans l'abdomen où elle fit de gros dégâts. Le médecin militaire qui lui donna les premiers soins ne lui donnait pas plus de quatre heures à vivre. Le témoignage complet est lisible en cliquant sur ce lien
Pour en savoir plus sur cette embuscade et les éléphants noirs, consulter l'article publié sur le bulletin: L'ELEPHANT NOIR et le récit détaillé du général Raffenne: http://www.aha-helico-air.asso.fr/bedo_70.htm
En supplément : hommage au parachutiste Dominique rigaud, tombé au champ d'honneur le 11 octobre 1970.