Les sapeurs français de retour de Beyrouth dévastée par l'explosion du 4 août
Les derniers des quelque 400 militaires du groupement Terre Ventoux ont quitté Beyrouth dans la nuit de mercredi à jeudi, au terme de leur mission baptisée Amitié. Le colonel Antoine de La Bardonnie (actuel chef de corps du 2e REG) dresse le bilan d'une opération humanitaire exigeante (photos EMA).
Le GT, aux ordres du colonel de La Bardonnie, était formé par des personnels issus de cinq régiments du génie:
- les 1er et 2e régiments étrangers de génie (REG),
> - le 17e régiment du génie parachutiste (RGP, avec des moyens légers de déblaiement),
> - les 19e et 31e régiments du génie (RG, avec leurs sections d'appui au déploiement lourd et leurs stations de traitement des eaux mobiles dont c'était le premier déploiement).
A ces sapeurs s'ajoutaient des chasseurs du 7e BCA (de la 27e BIM) chargés de la protection du GT, des éléments du 519e RT pour le transbordement maritime et une équipe du 14e régiment d'infanterie et de soutien logistique parachutiste. "Au total, un GT à 410 militaires", selon le chef de corps du 2e RG, unité qui constituait le noyau du Ventoux.
Et pour n'oublier personne, citons deux petits détachements:
> - le CEPPOL (Centre d'Expertises Pratiques de lutte antiPOLlution), de Brest avec 7 spécialistes
> - le CETID (Centre d'expertise des techniques de l'infrastructure de la Défense) dont deux officiers ont réalisé un audit infra.
Ce dispositif a été mis sur pied après l'explosion du 4 août qui a dévasté la capitale libanaise. En 72 heures, "tout le monde était prêt à embarquer", ce qui témoigne d'une belle réactivité puisqu'un quart des moyens n'étaient pas en état d'alerte. "C'est un vrai motif de satisfaction" résume le chef de corps du 2e REG avant de rappeler le timing: "Départ de Toulon le 9 août sur le PHA Tonnerre; arrivée le 14; mise en place à terre des premiers éléments le 15 et implantation de la base opérationnelle le 19".
L'implantation de cette base à terre, "au plus près de la zone de destruction," a été rendue possible grâce au déploiement quasi immédiat de trois modules "150 hommes", de 30 jours de vivres et de moyens de transmissions. "Le soutien carburant a été contractualisé", précise le colonel de La Bardonnie qui se félicite de "cette vraie belle manoeuvre de soutien".
Les militaires du GT ont contribué à l'acheminement et à la distribution des 1200 tonnes d'aide humanitaire française (100 t par voie aérienne, 100 t sur Le Tonnerre et 1000 t sur le roulier affrété de la Maritime nantaise). Mais leur mission principale relevait bien du domaine du génie: il s'agissait de déblayer et dépolluer la zone portuaire (c'était le chantier principal) et aussi de nettoyer des équipements collectifs, comme des écoles, dans la zone affectée par le souffle de l'explosion.
Quelques chiffres illustrent le bilan: 25 ha de zone portuaire déblayés, 2,5 km de routes et de voies dégagés, 3000 m2 de charpentes métalliques évacués... 17 000 tonnes de gravats évacués en 1100 rotations de camions.
De ce chantier mené à bien en parfaite collaboration avec l'armée libanaise, "dont les cadres ont une culture commune avec nous", les sapeurs retirent au moins un enseignement: en zone industrielle et urbaine, il faut compter avec "énormément de métal" et pas seulement avec des gravats et de la terre. Ce qui rend les travaux encore plus périlleux et exige des équipements spéciaux pour l'oxycoupage. "Le défi, c'est donc de traiter le métal en grande quantité, de le trier en vue de son recyclage".