AATDM titre


PAGES DE L'ASSOCIATION

jeudi 21 novembre 2024

 

150ème anniversaire de Bazeilles

 

Le 30 août, le ministère des Armées a commémoré le 150e anniversaire de la guerre de 1870 lors d'une cérémonie franco-allemande à Gravelotte, en Moselle, présidée par Geneviève Darrieussecq.

Le document dure 2 heures et aurait gagné à être coupé des "salamalecs" entre officiels.

Imprimer

(Enregistrement d'une émission diffusée sur la chaine «HISTOIRE TV»).

L'émission dure 1h07mn.

Lire la suite

Imprimer

Texte officiel des combats de Bazeilles

 

Bazeilles est devenu le symbole des Troupes de marine pour commémorer le souvenir de ceux qui préférèrent mourir plutôt que de se rendre.

Le texte qui suit, à l'exclusion de tout autre, doit être lu lors de la prise d'armes commémorative des combats de BAZEILLES.

Maison de la dernière cartouche«1870, la France est en guerre, une partie de son territoire est envahie, SEDAN menacé. Pour la première fois de leur histoire, Marsouins et Bigors sont groupés pour prendre part à la lutte dans une même Division, la Division de Marine qui sera surnommée la Division Bleue.

Commandée par le Général de VASSOIGNE, elle est composée de deux brigades

- la première, Général REBOUL est formée du 1er Régiment d'infanterie de la marine de CHERBOURG et du 4e de TOULON,

- la deuxième, Général MARTIN des PALLIERES, comprend le 2e Régiment d'infanterie de la marine de BREST et le 3e de ROCHEFORT Le 1er Régiment d'artillerie de la marine de LORIENT fournit trois batteries.

Rassemblée au camp de CHALONS, elle rejoint la région de SEDAN, après six jours de marche difficile sous la pluie.

31 août - Vers midi, la 2e Brigade qui vient d'arriver sur les hauteurs à l'Est de SEDAN, reçoit l'ordre de reprendre le village de BAZEILLES, qui est une des clefs de la défense de cette place forte et dont vient de s'emparer l'ennemi.

Le Général MARTIN des PALLIERES enlève sa troupe. L'ennemi est refoulé, mais sa supériorité en nombre et en artillerie lui permet, en multipliant ses attaques, de reprendre pied dans la localité, la mêlée est acharnée, les pertes sont sévères des deux côtés, le Général est blessé et le village enfeu.

Vers 4 heures de l'après-midi, les nôtres ne tiennent plus que les lisières Nord du village ; c'est alors que la Brigade REBOUL conservée jusque-là en réserve, est engagée à son tour.

Avant la tombée de la nuit, BAZEILLES est entièrement repris une nouvelle fois, au prix de combats acharnés.


1er septembre -Dès l'aube, les Allemands attaquent à nouveau et sont d'abord balayés. Mais ils reviennent soutenus par de nouveaux renforts et reprennent une partie du village.

Alors commence entre les Marsouins de la Division Bleue et le 4e Corps d'Armée Bavarois, soutenu par le feu de 18 batteries d'artillerie, une lutte farouche. Se battant à un contre dix, éprouvés par la chaleur et la soif, la gorge brûlée par la fumée des incendies, écrasés sous les obus, défendant chaque maison, chaque pan de mur, les Marsouins vont à deux reprises chasser l'ennemi du village.

Tous témoignent de la même ardeur, du même courage, du même mépris de la mort et leurs rangs qui s'éclaircissent ne diminuent en rien leur volonté d'accomplir la mission qui leur a été fixée. Mais vers 16 heures, les munitions manquent et la poignée des survivants est submergée par le flot ennemi après avoir détruit ou fait disparaître ses aigles et ses drapeaux.

C'est ici que se situe l'épisode de la Maison des Dernières Cartouches.

La Maison BOURGERIE, modeste auberge, est la dernière maison du village sur la route de SEDAN. Un noyau de résistance s'y constitue. Quelques officiers et une trentaine de soldats dont la plupart sont blessés vont ici pendant quatre heures arrêter la marche des assaillants Ils ne succombent qu'à bout de munitions et refusent une ultime tentative de sortie pour ne pas abandonner leurs blessés.

Telle est la glorieuse épopée de la " division bleue " du Général de VASSOIGNE, qui compta, au cours de ces deux tragiques journées, 2600 morts dont 100 officiers.

Quarante Bazeillais trouvèrent la mort au cours des combats des 31 août et 1er septembre. Cent cinquante autres moururent dans les six mois qui suivirent la bataille, du fait des sévices endurés. L'adversaire, pour sa part, avait laissé sur le terrain 7000 tués dont plus de 200 officiers.»

Combats de Bazeilles. La Division bleue

Imprimer

La guerre de 1870 dans les Ardennes

 

Copie d'un article publié sur le site des Archives départementales des Ardennes.

(https://archives.cd08.fr/article.php?laref=1634&titre=la-guerre-de-1870-dans-les-ardennes)

La bataille de Bazeilles

Ayant reçu l’ordre, la veille au soir, de se concentrer à Sedan, l’armée française est, le 31 août, positionnée au nord et à l’est de cette ville. Au sud de ce dispositif se trouve le 12e corps d’armée du général Lebrun. Il a en charge la défense d’une zone dont la pointe sud correspond au village de Bazeilles.

À partir de 9 heures de matin, l’artillerie bavaroise, installée sur les hauteurs de Liry, commence à bombarder le village. Les premiers combats à l’intérieur du village opposent les 22e et 34e régiment d’infanterie de ligne aux troupes bavaroises. Face à un ennemi bien supérieur en nombre, le général Lebrun envoie en renfort la division d’infanterie de marine du général de Vassoigne.

Vers midi, l’infanterie de marine charge les Bavarois et les refoulent à la Meuse mais ceux-ci tiennent toujours le pont de chemin de fer de Bazeilles. Les quatre premières colonnes qui tentent de repasser ce pont sont clouées sur place par les mitrailleuses françaises mais la cinquième réussit à franchir le pont. La lutte fait alors rage dans le bas du village, principalement dans la rue d’en bas et la ruelle du mayot. Les hommes se battent au corps à corps et à la baïonnette.

Accablés par le nombre des ennemis, les Français sont repoussés dans la moitié nord du village mais, suite à une contre-attaque de l’infanterie de marine, Bazeilles est repris vers 17 heures. Les Bavarois, rejetés de l’autre côté de la Meuse, cessent leur bombardement d’artillerie.

Au milieu du village en flammes, le commandant Lambert qui a reçu l’ordre de défendre Bazeilles jusqu’à la dernière extrémité profite de la nuit pour organiser la défense. Des barricades sont élevées à toutes les issues et ferment les rues de l’église, d’en bas et du mayot. Les maisons abandonnées par leurs habitants sont transformées en redoute, leurs portes et fenêtres sont blindées par des matelas et des planches.

Le 1er septembre, vers 4h 30 du matin, les Bavarois, qui ont traversé la Meuse sur un pont de bateaux à Remilly, entrent dans Bazeilles par l’extrémité nord du village espérant surprendre les défenseurs et les habitants dans leur sommeil. Ils avancent sans être inquiétés jusqu’à la barricade de la rue de l’église où ils sont accueillis par une fusillade. Les Bavarois sont alors repoussés mais certains d’entre eux enfoncent la porte de l’auberge du lion d’or située devant la barricade pour y trouver refuge. Ici, la « grande Histoire » rencontre la « petite histoire » car les Archives départementales conservent un carnet rédigé par le propriétaire de l’auberge, Philippe Henry. Il y raconte l’envahissement de sa maison en ces termes : « Les Prussiens sont entrés chez nous enfonçant les portes puis ont fait feu sur les Français qui étaient de l’autre côté de la route. À ce moment, un officier prussien m’attrape à la gorge et me somme de lui montrer toutes les issues de la maison ; je lui montre la porte allant à la remise, il y avait déjà des baïonnettes de croisées sur moi mais sur le signe que l’officier fait avec son épée, ils baissent leurs armes puis il me fait monter les escaliers allant au grenier avec des Prussiens. En redescendant, je lui ouvre la porte d’une chambre où ma femme, ma mère et mon fils étaient, il me fit ouvrir une armoire, il la fonce [l’enfonce] en la refermant ! Quoi dire ! Il me fait redescendre puis il se mit derrière le comptoir pour être à l’abri de balles et me fait rester près de la sortie de la cave et toutes les bouteilles d’eau-de-vie qu’ils remontent il faut que je boive le premier de peur qu’elles ne soient empoisonnées. Enfin, je vois un grand prussien qui me regardait, je lui fis signe que je serai saoul si je continuais à boire, et il dit à celui qui me passait les bouteilles de ne plus m’en donner. Paf ! Il me lance une bouteille dans la bouche et me casse une dent […]. Pendant ce temps-là, on se battait toujours. Dans la chambre on apportait des blessés, dans la remise le médecin qui était là les déboutonnait […] presque tous étaient blessés dans la poitrine. Ces derniers, il me leur faisait donner à boire. Je crois que c’était pour les avancer à mourir parce qu’ils mourraient aussitôt […] le temps s’écoule, ma maison tremble, la fusillade, les canons, les mitrailleuses puis les hurlements que leurs blessés font sont choses indescriptibles. Tout d’un coup, j’entends le clairon et les Français battent en retraite ». La suite des mésaventures de Philippe Henry, prisonnier des Allemands, est à découvrir aux Archives départementales.

Si, comme le raconte Philippe Henry, les Français battent en retraite vers 8 heures, c’est parce qu’ils en ont reçu l’ordre. Le maréchal de Mac Mahon qui observait la bataille depuis une éminence, a été blessé quelques moments plus tôt par un tir de l’artillerie ennemie. Mis hors de combat, il a passé le commandement de l’armée au général Ducrot qui a ordonné à l’infanterie de marine de se retirer de Bazeilles. Cependant, vers 8h30, le commandement de l’armée est repris par le général de Wimpffen qui ordonne au général de Vassoigne de reprendre Bazeilles.

Une fois encore, l’infanterie de marine rentre dans Bazeilles et reprend le village aux Bavarois jusqu’à l’église. De nouveaux combats au corps à corps, maison par maison, ont alors lieu au milieu du bombardement de l’artillerie ennemie et des maisons incendiées par les troupes bavaroises et saxonnes. Vers midi, sur le point d’être encerclé, le général de Vassoigne décide de se replier sur Balan. Seul 200 Français contre 20 000 Allemands se barricadent dans plusieurs maisons pour freiner l’avancée ennemie. La dernière de ces habitations à résister est la maison Bourgerie, une auberge située au point culminant nord de Bazeilles. Entre 60 et 100 soldats français s’y sont barricadés vers 11 heures. Aux environs de midi, la maison est encerclée et bombardée. Son toit prend feu mais les soldats français résistent toujours et se battent jusqu’au moment où ils sont à court de munitions. Vers 15 heures, après avoir tiré leur dernière cartouche, les soldats français finissent par se rendre. La maison Bourgerie est alors entourée d’environ 600 cadavres de soldats ennemis. Elle deviendra par la suite le musée de la « dernière cartouche ».

En 36 heures de combats, la division d’infanterie de marine a perdu plus de 2 600 hommes, tués, blessés ou disparus et l’armée ennemie a perdu entre 4 000 et 7 000 hommes dont plus de 4 000 Bavarois.

En réponse à ces lourdes pertes, la quasi-totalité du village est incendié en représailles comme en témoignent une rare photographie des ruines du village, prise probablement à l’hiver 1870-1871, et de nombreuses cartes postales. Une quarantaine d’habitants est également exécutée et la population encore présente dans le village est faite prisonnière, comme l’illustre Auguste Lançon dans une de ses gravures. Les habitants de Bazeilles, accusés d’avoir participé au combat, sont ensuite jugés par un tribunal militaire qui les condamnent à mort mais ils sont finalement libérés.

 La guerre de 1870 dans les Ardennes 

Imprimer